Depuis le putsch du 5 septembre dernier qui a déposé l’ancien président Alpha Condé, le CNRD reste jusque-là apprécié à travers ses actes dans tout le pays y compris dans l’ancien bastion du RPG AEC. D’ailleurs face aux réformes engagées par les nouvelles autorités avec à sa tête le colonel Mamadi Doumbouya, un silence des responsables du régime défunt règne dans la région de Kankan.
Le CNRD après sa prise du pouvoir a été saluée par une frange importante du peuple de Guinée, outre les sanctions. Dans la région de Kankan notamment, les actes récemment posés par les nouveaux dirigeants, dont la volonté de la refondation de l’Etat, la promotion de la junte féminine et de la jeunesse dans la formation du gouvernement de la transition sont saluées par des activistes des droits de l’Homme.
« Le coup d’Etat du 05 septembre est venu comme un coup salutaire à l’égard des populations Guinéennes qui étaient beaucoup martyrisées et avec beaucoup de violations des droits de l’homme, en bref ça été un coup libérateur », se réjouit Mamadou Kaly Diallo.
Poursuivant, notre interlocuteur dit espérer voire la justice Guinéenne rétablit. « Je rappelle qu’en matière des droits de l’Homme, rien n’est gagné d’avance. Il faut surveiller, il faut encadrer, il faut avoir l’œil d’un observateur averti. Comme l’a dit le colonel Mamadi Doumbouya, la justice sera la boussole qui orientera tous les Guinéens, j’ose espérer que cette même justice de façon impartiale se mettra en branle contre l’impunité qui était source de multiples violations des droits de l’homme », indique-t- il.
S’agissant de la volonté de la junte militaire de rajeunir et de féminiser l’administration guinéenne, Bangaly Sylla, lui aussi activiste de la société civile au centre- ville de Kankan, fait une mise au point. Pour lui, il ne faut pas confondre femme à incompétence et homme à compétence.
« Pour moi, il ne s’agit pas d’être femme, mais d’être plutôt compétente, il ne s’agit pas d’être homme aussi, il s’agit d’être compétent. L’homme n’est pas synonyme de compétence et la femme n’est pas aussi synonyme d’incompétence. Les femmes qui ont été nommées dans le gouvernement y sont, par ce qu’elles ont de la compétence et il ne faudrait pas que cela se limite que dans le gouvernement, il faut que ce changement soit dans tous les secteurs ».
Parlant de la dynamique du changement amorcé, M. Sylla soutient que la nouvelle donne exige des politiques une grande maturité pendant cette période exceptionnelle du paysage politique guinéen.
« Il faudrait que les acteurs politiques prennent conscience de la responsabilité qui attend tous les guinéens, parce que, je pense que c’est l’ultime et dernière chance pour notre pays d’amorcer une voix normale, dont celle de la démocratie, la stabilité politique et économique. Il est vrai qu’on a tous des objectifs, mais faudrait qu’on mette dans la tête qu’on a tous un bien commun qui est la “Guinée” ».
En attendant la mise en place du conseil national de la transition CNT qui doit faire office d’organe législatif durant cette période d’impasse, une atmosphère de quiétude sociale règne en haute guinée, une région qui a accompagné Pr. Alpha Condé, opposant historique d’alors d’accéder au pouvoir en 2010, au terme d’élections présidentielles, puis réélu en 2015, avant de briguer un troisième mandat en 2020 sur fond de contestations et de violences postélectorales dans plusieurs localités du pays.
Toutefois, plusieurs acteurs de la vie nationale à Kankan restent méfiants. Ils relèvent des zones d’ombre dans la transition, notamment sa durée et craignent d’assister au scénario de la transition de 2008- 2009 avec le CNDD.
Par Aminata Koné, depuis Kankan, Correspondante régionale d’Investigatorguinee.com