Les chefs d’État de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ont décidé, dimanche 7 novembre dernier, lors d’un sommet exceptionnel, d’adopter des sanctions individuelles contre les dirigeants de la transition et leur famille. L’organisation sous- régionale entend ainsi rappeler les autorités de transition à leur engagement initial de tenir des élections (présidentielles et législatives), en février prochain, pour un retour à l’ordre constitutionnel. Le Mali décline l’échéance et dit « regretter » les sanctions. Dans une interview exclusive accordée à notre quotidien, le président du Haut Conseil des Maliens de Guinée dit que les mesures annoncées sont en déphasage avec les réalités du terrain.
-Investigatorguinee : Bonsoir M. Mohamed Sidibé
–Mohamed Sidibé, président du Haut Conseil des Maliens de Guinée : Bonsoir M. le journaliste,
Quelle est votre première réaction contre les autorités de la transition Malienne, après les sanctions prises par la CEDEAO, dimanche dernier à Accra au Ghana?
C’est une décision qui n’a pas tenu compte des réalités. Le Mali aujourd’hui est un pays en guerre, un pays complètement envahi par divers groupes djihadistes, des terroristes de tout bord et de toutes nationalités. Ceux qui sont au pouvoir aujourd’hui cherchent à travers la solution à apaiser l’insécurité grandissante. La CEDEAO, elle, est accrochée à l’organisation des élections, alors que tout le monde sait que le Mali est dans l’impossibilité totale d’organiser les élections d’ici le mois de Février prochain.
Que devrait faire la CEDEAO pour aider le Mali à organiser une transition apaisée et réussie, sachant que les conditions d’insécurité sont visibles aujourd’hui?
La CEDEAO doit peser tout son poids pour qu’on sente sa présence au Mali, notamment les forces de la MUNISMA, de BARAKHAN puissent aider les forces armées Maliennes à établir la sécurité. Parce que sans sécurité, on ne peut pas faire des élections dans des zones qu’on ne contrôle pas. Aujourd’hui, on ne contrôle pas environ 90% du territoire. Les citoyens qui doivent aller aux élections ne peuvent pas parler d’élections parce qu’ils sont en train de payer l’impôt pour les groupes qui dominent, qui contrôlent. Comment peut- on organiser des élections dans ces conditions ?
Est-ce que la CEDEAO n’a pas contacté un retard dans la composition des membres gouvernement de la transition comme c’est le cas en Guinée?
Au Mali, il n’y a eu pas un problème de retard pour la composition des membres du gouvernement. La nouvelle équipe gouvernementale a été très rapidement composée, ils ont adopté dans moins de deux mois le plan d’action du gouvernement qui a été validé par le CNT. Sa mise en œuvre nécessite des moyens, des ressources humaines, des ressources financières et aussi une stratégie et l’accompagnement de la communauté internationale, qui malheureusement ne répond pas.
Ne pensez-vous pas que cette décision peut avoir des inconvénients pour le peuple Malien ?
Bien sûr, ça un impact. Mais tout le monde a une dignité. Ce n’est pas parce que je suis en difficulté que vous allez me contraindre à faire ce que je ne peux pas faire. La CEDEAO veut faire du Mali un pays soumis, un peuple résilié sous le choc, alors qu’aujourd’hui les Maliens préfèrent mourir que d’avoir la honte.
Que proposez-vous sur la durée et le bon déroulement de la transition au Mali ?
Je ne propose pas une durée parce qu’il y a beaucoup d’aspects à prendre en compte et je ne maîtrise pas tous les aspects. Il y a notamment la sécurité, les moyens financiers pour organiser les élections. Dans tous les cas, le gouvernement de transition a convoqué des assises de réconciliation nationale qui vont regrouper l’essentiel des forces vives de la nation et c’est à partir de cette date que les uns et les autres vont se mettre d’accord pour fixer une date pour la tenue des élections.
Avez-vous un espoir pour une sortie de crise apaisée en faveur du peuple Malien ? Depuis l’avènement de la junte au pouvoir, quel a été apport?
Bien sûr, l’espoir est permis, nous avons même vu les actes qui sont posés, notamment dans le cadre de la lutte contre l’injustice, la mauvaise gouvernance et la recherche des partenaires stratégiques pour aider le Mali à recourir son territoire. Quand on parle du Mali à l’extérieur, les gens pensent que c’est un pays qui est là, alors que c’est un pays qui est sur domination même pas étrangère, mais sur domination des individus qui n’ont pas de respect des droits de l’homme. Nous voulons une République démocratique unique et laïque, c’est pour cela les maliens se battent pour restaurer cette République.
Mohamed Sidibé, je rappel à nos lecteurs que vous êtes le président du Haut conseil des Maliens de Guinée, merci d’avoir répondu à nos questions
C’est à moi de vous remercier
Interview réalisée par François Lelano (+224)621498176