Ce sont de nouvelles révélations sur les récentes arrestations de certains hommes réputés proches du colonel Mamadi, l’actuel président de la transition guinéenne. L’avocat de l’adjudant-chef Jacques Zakama Koivogui est revenu ce lundi 1er novembre 2021, sur les circonstances de l’interpellation de son client. Cet officier de police judiciaire, technicien en identification criminelle, et chef des analystes en renseignement opérationnel de la gendarmerie nationale fait partie des militaires arrêtés et placés sous mandat de dépôt par le parquet du tribunal militaire de Conakry.
Jacques Zakama Koivogui, a été au cœur des évènements du 05 septembre qui ont abouti à la chute du président Alpha Condé. Il a même eu le privilège de lire une fois un des communiqués du CNRD (Comité national du rassemblement pour le développement) sur les antennes de la télévision nationale. Cet officier de police judiciaire (OPJ) est cité dans l’affaire du pont 8 novembre. Dans ladite affaire, trois militaires sont accusés d’avoir dérobé une somme de 246 millions de francs guinéens dans les mains d’une dame.
Il s’agit de l’Adjudant-Chef Jacques Zakama KOIVOGUI, Soldat 2ème classe Djibril DAFFE et Soldat 2ème Classe Abdoul Salam FARO. Ces deux derniers ont été radiés des effectifs de l’armée, le 09 septembre dernier pour « actes de vandalisme », dans une décision signée du colonel.
Alors que l’interpellation de ces militaires continue de susciter des polémiques, maître David Béavogui a levé un coin du voile sur certains contours de cette affaire. Il dénonce un « acharnement » contre son client et prévient qu’il y aurait des mains invisibles derrière ce dossier.
« Après les événements du 05 septembre, il a été constaté le 8 septembre 2021 au Pont du même nom, dans la voiture d’une dame une valise remplie d’argent. Deux éléments des forces spéciales ont interpellé la dame et l’ont conduit au chapiteau du Palais du peuple où il y avait le siège de la présidence. Jacques n’était pas au Pont 8 novembre, mais en sa qualité de gendarme et d’officier de police judiciaire, il a été instruit d’auditionner la dame et de faire un procès-verbal. Il a auditionné la dame qui était avec son enfant. Il a fait l’inventaire du montant qu’ils ont compté ensemble. Il a dressé un PV signé de cette dame et de son enfant.
Alors, les deux éléments des forces spéciales, soldat 2e classe Djibril Daffé et soldat 2e classe Abdoul Salam Faro étaient agités. Ils l’empêchaient même de faire le procès-verbal. Pour eux, ils devaient se partager l’argent. Zakama a dit non qu’il a été instruit de faire l’instruction et de rendre compte à la hiérarchie. Quand il a fini, il est allé effectivement rendre compte au colonel dont je vais taire le nom, en expliquant à celui-ci que les éléments des forces spéciales qui ont interpellé la dame ne voudraient pas que lui Zakama garde l’argent.
Sa hiérarchie lui a dit comme ils sont agités, laisse-les garder l’argent après on va voir la provenance de l’argent. C’est ainsi qu’il a gardé son Pv et a demandé aux 2 éléments des forces spéciales de veiller sur l’argent. Il avait voulu qu’on mette l’argent dans la voiture de la dame et qu’on l’immobilise jusqu’à 18h. Les éléments des forces spéciales n’ont pas accepté.
Il est parti rendre compte au colonel. A son retour, ils trouvent qu’ils se sont enfuis avec l’argent. Heureusement, il y avait 3 autres éléments des forces spéciales qui ont vu les 2 autres embarquer l’argent dans un taxi pour la haute banlieue. Ils sont allés devant le président de la République qui a demandé d’appeler au téléphone les 2 éléments, ceux-ci n’ont pas décroché. C’est ainsi que le Colonel Mamadi Doumbouya a donné des instructions de les retrouver dans les 5 minutes qui suivent. Dans moins de 30 mn, ils ont traqué les enfants et les ont ramenés à la base. Si vous vous rappelez, le même soir, le président a ordonné qu’ils soient radiés de l’armée. Le colonel Doumbouya a dit à Zakama d’aller continuer son travail.
On était étonné presque deux mois après, que Zakama soit appelé à 21h par le haut commandant de la gendarmerie nationale, directeur de la justice militaire pour lui dire de le rejoindre le haut commandement. Quand il est arrivé, on l’a confié aux enquêteurs et on l’a soumis à une audition en violation de son droit le plus absolu en sa qualité d’officier d police judiciaire.
Or, l’article 758 du code de procédure pénale dit que lorsqu’un officier de police judiciaire doit être poursuivi pour un crime ou un délit qu’il aurait commis en l’exercice ou en dehors de ses fonctions, il bénéficie de ce qu’on appelle le privilège de juridiction, il faut que son habilitation soit levée. C’est un officier de police judiciaire, il a son habilitation (…) On l’a mis sous mandat de dépôt sans aucun respect des formalités requises en la matière. C’est révoltant. Je pense que le tribunal militaire saura faire la part des choses.
Je suis en train de me battre, un tel dossier ne doit pas être pris en flagrant délit. Dans l’intérêt de la justice, c’est un dossier qui doit être informé pour que le juge d’instruction puisse faire la part des choses. Je suis en train d’œuvrer dans ce sens pour changer la qualification des faits (…) C’est un acharnement. Il peut y avoir des mains invisibles derrières ce dossier. On lui reproche de complicité de vol tout simplement parce que ceux qui ont fui avec l’argent l’incrimine », a expliqué l’avocat de l’adjudant-chef jaques Zakama Koivogui.