Le camp Boiro reste toujours une page noire de l’histoire politique du pays. Plusieurs victimes y ont laissé leurs vies et jamais un procès n’a été organisé pour dire la vérité dans cette affaire. Depuis des décennies, les parents des victimes tirent la sonnette d’alarme. Pour eux, les fosses communes devraient être identifiées.
« Mon papa était un compagnon de l’indépendance, tous les actes forts du parti (PDG-RDA), ils les ont mené ensemble. Il faisait partir du syndicat des enseignants en période coloniale. Ils ont créé les premiers journaux qui ont contesté la colonisation. Il a été le promoteur de JRDA. DANS la diplomatie, il a été Ambassadeur de la Guinée au Congo, il a fait la prison à cause de Patrice Lumumba au Congo. De l’indépendance jusqu’à 1971 il a gravi tous les échelons du parti, en 1971 il était ministre délégué en Guinée Forestière. Ce par récompense que le Président l’avait nommé comme ministre pour qu’il accède au BPN du parti. Malheureusement il a été convoqué par son président à Conakry et c’est de là, il a été condamné, quelques mois après il a été fusillé et ses parents n’ont jamais vu son corps. Sa famille a été abandonnée par le parti et il était même interdit de s’occuper de la famille. Ce qui a fait que les victimes de Sékou Touré ont traversé le désert », a témoigné Dr Amadou Tounkara.
Ce parent de victime plaide pour l’identification des fosses communes. « Le Camp était géré dans le silence et le secret, les gardes n’en parlaient pas, même les survivants qui venaient de la prison. Nous on a supporté, dommage pour ceux qui se sont déscolarisés, décédés parce qu’il n’y avait pas quelqu’un pour s’occuper d’eux. Notre combat aujourd’hui c’est contre l’injustice, contre les arrestations arbitraires, les accusations à tort, pour la justice sociale et que les guinéens soient au même pied d’égalité. Identifier les fosses communes, beaucoup de nos compagnons de l’indépendance sont dans les fosses communes, aujourd’hui on en parle pas. Est ce qu’ils méritent les fosses communes ?? Il n’est écrit nulle part dans la constitution d’enterrer dans les fosses communes. Notre premier combat c’est identifier les fosses communes, la deuxième, la revendication c’est de savoir ce qui s’est passé, ensuite il y a des biens qui ont été saisis », déclare –t- il.
Des dirigeants comme Sékou Touré en principe étaient des gens qui se battaient pour le peuple, pas pour s’enrichir, leur idéologie était “servir le pays“. « Mon papa était une pierre pour servir le peuple donc il n’a pas cherché à s’enrichir. Tout son combat était pour le peuple et c’est dans ce combat il a été arrêté. Tous les biens qui ont été saisis doivent être retournés. Le Camp BOIRO ne doit pas disparaître, il doit être restitué aux ayants droits, il doit être un lieu pour se repentir », propose M. Tounkara.
Pour lui, justice doit être rendue pour que cesse les actes de massacre et violation des droits de l’homme. « Je souhaiterais que ma Guinée soit un pays de paix, un pays de justice, un pays de pardon. Mais je ne suis pas prêt aussi à cacher les parties sombres de notre pays, il y a une justice divine, les personnes qui ont causé les problèmes à mon papa ont été victimes des mêmes problèmes. C’est ça la justice divine, mais est-ce que c’est normal ?? Je ne cautionne pas que les guinéens connaissent les mêmes réalités », a laissé entendre Dr Amadou Tounkara, Pharmacien de profession.
François Lelano