Depuis le 5 septembre dernier, la Guinée fait face à une crise politique liée au coup d’Etat perpétré par des militaires reunis au sein du comité national de rassemblement pour le développement CNRD avec à sa tête le colonel Mamadi Doumbouya. Dans une interview exclusive accordée à notre rédaction, le président du du parti citoyen pour la défense des intérêts collectifs (PCDIC) dit tout. De l’obtention de la prochaine constitution aux causes du renversement du président déchu aux crimes commis, Hamidou Barry dans un langage de vérité décline la position de sa formation politique.
Merci de lire l’intregalité de son interview…
Investigatorguinee: Bonjour M. le Président du parti citoyen pour la défense des intérêts collectifs (PCDIC). Suite à la dernière sortie du Président de l’UFDG sur la question de la constitution, quelle est votre avis sur sa communication relative à la question constitutionnelle en cette période où le pays est dirigé par la junte militaire constituée au sein du CNRD?
-Président de PCDIC: Aucun homme n’apprécie un coup d’État, mais pour le cas spécial de notre pays, on a assisté à un système qui a caporalisé toutes les institutions du pays. C’est un coup d’État qui vient de mettre les pendules à l’heure par rapport à un coup d’État antérieur. Je pense que c’est un coup d’État libérateur. C’est pour cela, nous au PCDIC et à l’ANAD, nous avons pris acte de cela et nous saluons la façon dont le peuple guinéen a été libéré de la dictature. Ainsi, parlant de cette future constitution qui pointe à l’horizon, nous disons qu’il y a eu une constitution qui a fait l’objet de débat et qui a fait sortir plus de 2 à 3 millions de guinéens dans la rue. Je veux parler de la constitution du 07 mai 2010, à travers elle qui tire sa source de la loi fondamentale de 91. Je pense qu’en tant qu’acteur politique soucieux de l’enjeu dont le pays est en train de reprendre les choses, il est opportun par ordonnance qu’on ramène cette constitution de 07 mai 2010 autour de la table pour qu’elle serve de source pour la toiletter, de revoir les lois organiques en son sein. Je veux parler de la loi sur le code des collectivités, la loi sur la CENI entre autres, les grandes lois qui organisent les fonctionnements de notre État pour qu’ensemble on puisse avoir une constitution adoptée et soumis à un référendum.
-Qu’en pensez-vous de la publication de la liste des promoteurs du 3ème mandat faite par le FNDC ce vendredi 24 septembre et le retrait des noms des Colonels Mamadi Doumbouya et Balla Samoura ?
Nous saluons encore toute initiative allant dans le sens de mettre à nue les promoteurs du coup d’État constitutionnel. Ce n’est pas la première fois en Guinée, mais notre pays est champion en retournement de veste. On a des cadres qui ont servis le PDG RDA jusqu’au RPG sans échapper à aucun régime. Nous estimons que tous ceux-là de près ou de loin qui se sont illustrés du moment au côté de l’histoire en oppressant le peuple, en donnant un coup à la démocratie doivent répondre de leur acte. Il va falloir que les acteurs sociaux puissent faire la lumière sur ces crimes survenus au sommet de l’Etat pour nous empêcher d’approcher les mêmes brebis galeuses au sein de l’appareil exécutif. Pour le retrait des noms de M. Doumbouya et Colonel Balla Samoura, je pense qu’il va falloir qu’on sache là où nous devons aller, certes ils étaient cités antérieurement mais aujourd’hui il faut reconnaître qu’ils ont libéré le peuple de par leur sacrifice ultime au risque de leurs vies pour aller affronter un dictateur comme M. Alpha Condé. C’est salutaire je pense. Maintenant il est de notre part acteurs politiques, acteurs d’opinions et au peuple de tirer toutes les leçons liées à cette forfaiture pour aller de l’avant. Ceux qui se sont illustrés positivement méritent un pardon à l’endroit du peuple de Guinée. La question n’est pas que c’est Paul ou Pierre, la liste doit être ouverte à tous les chefs de Cabinet, les secrétaires généraux, les gouverneurs, les préfets et même les sous-préfets.
– Parlant de la question du renouvellement de la classe politique ou la transition générationnelle au sein du paysage politique guinéen et même au sein de la prochaine équipe gouvernementale, quelle lecture faites-vous de cette actualité? Et quelle est votre position sur ce débat ?
Je vais attirer d’abord l’attention des uns des autres, cette transition ne se décrète pas. Car, de nos jours ils y a des jeunes qui sont plus malhonnêtes que les vieux qu’on accuse. D’autres ont passé toute leur vie à défendre un seul homme. Lorsque le RPG était au pouvoir, il n’a pas pu trouver la relève pour ce parti, je pense qu’il n’est plus un modèle. Et il y a la loi de la charte des droits de l’homme sur la gouvernance qui dit que tous les acteurs du 3ème mandat ou d’un tripatouillage constitutionnel ne doivent plus rentrer dans la junte, ni dans d’éventuelles élections. Il va falloir qu’on invoque cette loi et qu’on l’a mette sur la table pour qu’on sache qui a fait quoi ? Car, ça nous aidera dans le futur pour n’importe quel responsable ou commis de l’Etat de réfléchir mille fois avant de poser un acte. Je finis en disant que la conscience nous interpelle à tous les niveaux pour faire en sorte que notre pays sorte de ce carcan. Il faut que nous portions confiance en nous guinéens en tant que frères et sœurs et en tant que sœurs pour qu’on puisse aller dans le bon sens.
Merci Monsieur d’avoir répondu à nos questions….
C’est à moi de vous remercier.
Interview réalisée par le prince de l’ISIC