C’est après la chute d’un régime que les supposées zones d’ombres se mettent sur les places publiques au jour le jour. La chute du Prof. Alpha Condé fait toujours la UNE des révélations. Invité chez nos confrères de la radio Espace ce lundi 13 septembre 2021, un journaliste du Sahel raconte toutes les vérités sur le déclin du régime d’Alpha Condé au pouvoir.
« L’arrivée d’Alpha Condé au pouvoir était un remontada que tout le monde connaît, avec 18% au premier tour. Il n’a pas fait le job, il n’a pas rassemblé les guinéens, il a gouverné un peu avec les anciens de Lansana Conté. Il a renoncé à ses idéaux, je me souviens à la veille des élections de 2010, il disait qu’il ne va jamais changer la constitution et qu’il veut devenir un Mandela et en plus un Obama, il n’est pas devenu Mandela, ni Obama. Il est resté Alpha Condé. J’ai connu Alpha Condé depuis quand il était dans l’opposition. Devant les témoins, il se posait la question que : “pourquoi les Présidents changent la constitution pour s’éterniser au pouvoir comme au Cameroun?”. Il a cité beaucoup de pays, j’étais étonné de voir le même Alpha Condé changer la constitution pour un mandat de trop. Un moment donné Alpha Condé s’est pris pour un petit dieu personne ne pouvait lui toucher et il était devenu irréversible. C’est pourquoi le vrai Dieu lui a montré qu’il ne l’est pas. Il est allé droit dans le mur. Il a une fois dit à Lansana Kouyaté de faire une alliance, mais Lansana Kouyaté n’a pas accepté et il lui a dit tu n’auras pas un certain nombre de députés à l’Assemblée nationale. Ce qui est arrivé est sa propre faute », selon Serge Daniel, journaliste du Sahel, correspondant de RFI au Mali.
Parlant des causes de l’échec de la gouvernance d’Alpha Condé, Serge Daniel explique. « L’homme le plus proche était Diané, le ministre de la défense. C’est l’entourage qui joue un rôle décisif. L’entourage de Sékouba Konaté l’avait obligé de rester au pouvoir, un jour je lui ai appelé et lui dire de ne pas écouter l’entourage qui l’oblige de rester au pouvoir et il l’a compris. Si son frère Malick Condé, homme d’affaires vivait encore, les choses n’allaient pas arriver, parce que Malick lui disait certaines vérités. Donc l’entourage doit avoir le courage de dire certaines vérités au chef », a-t-il indiqué et de poursuivre que c’est cette situation qui a conduit au coup d’Etat du 5 septembre.
« Les militaires ont profité d’une situation pour faire le coup d’état. Alpha Condé s’est mis dans un trou, il pensait avec la force qu’il pouvait diriger le pays. À chaque fois à l’extérieur, il répondait à tout le monde avec arrogance « moi, ce qui m’intéresse c’est le peuple de Guinée », alors que le peuple de Guinée lui a répondu. Le système guinéen était bloqué, même les diplomates expliquaient clairement qu’ils voyaient difficilement comment le pays va se développer. Les gens ne manifestent plus, le régime était confisqué, les oppressions, les libertés fondamentales étaient bafouées et c’est pourquoi les forces spéciales se sont rendues compte que le pays ne pouvait plus avancer. Et ils ont fait le coup d’état ».
Pour ce qui est du lieu où devrait vivre l’ex- chef d’Etat guinéen et un éventuel jugement. « Pour l’itinéraire, je pense il faut lui laisser le temps d’écrire ses mémoires en Guinée où à l’extérieur pour qu’il reconnaît lui-même là où je me suis trompé, je devrais faire ceux-ci et faire cela. Si demain, on jugeait Alpha Condé le procès va prendre deux ans », a proposé le correspondant de RFI au Mali.
Décryptage : François Lelano