Encore si vite, la Guinée fait face à une nouvelle page de son histoire politique multicolore, ce pays de toutes les passions recalées, de toutes les possibilités et de toutes les impossibilités, se vandalise par son image démocratique jugée exécrable à tous les coins, chacun y va de son analyse face à cette reculade démocratique qui n’honore pas la Guinée et sa démocratie, même si ce renversement de pouvoir est perçu comme une sorte de libération d’une décennie de dictature condénienne.
Pathétique, Alpha Condé, n’a pu su quitter le pouvoir avant que le pouvoir ne le quitte, très souvent nous les hommes nous pensons être des seigneurs quand on détient un immense pouvoir, nous allons jusqu’à penser même qu’on ne peut jamais trébucher, c’est l’erreur humaine que nous commentons car le pouvoir en lui-même a des limites. La Guinée, malgré ce que l’on pourrait en dire, par dépit et dans la fausse indignation des contempteurs zélés, vit encore les heures troubles d’une histoire jusque-là tourmentée et imprévisible.
Ce pays de toutes les passions et des outrages se pré-libère certes, comme personne ne l’espérait, de ses vieux démons et rompt avec des élites prétentieuses et despotiques, mais un élément essentiel devrait interpeller les esprits, est-ce une sortie de l’ornière comme le CNRD, clame sans sourciller ? Une question au présent et dont l’avenir répondra. Au demeurant, cette présente situation est placée sous le signe d’une espérance incommensurable, d’une nouvelle Guinée pour tous, où chaque guinéen aura sa place.
La grande bataille qui doit être engagée maintenant, dans le temps, par le CNRD avec sa détermination et sa volonté obstinée, est la réforme de l’Etat et la qualification de l’administration publique. Face à tous ses défis, rigueur et compétences doivent être les critères implacables. Même si pour cela, le Nouvel homme fort en est pleinement conscient, il lui faudra bousculer des habitudes ancrées profondément dans les mœurs et remettre en cause des « droits » que d’aucuns croyaient irrémédiablement acquis. Tout en marchant prudemment pour éviter au pays de retomber dans le piège des cabaleurs. Alpha Condé dans l’illégitimité après un long parcours qui finira brutalement ? Cette illégitimité serait la raison de ce coup de renversement ? Alpha Condé et la politique, c’est une histoire vieille d’un demi-siècle.
La politique a toujours été son élément. Il y est entré dès ses études dans les années 1960, en France, au sein de la FEANF, la Fédération des étudiants d’Afrique noire. Alors que la Guinée vit sous le régime autoritaire de Sékou Touré, Alpha Condé fonde depuis Paris un mouvement d’opposition, ce qui lui vaudra une condamnation à mort par contumace de Sékou Touré. L’homme continu sa marche politique vers le pouvoir, en passant par feu Lansana Conté jusqu’à Dadis Camara Moussa, une autre mauvaise page de l’histoire politique de la Guinée, d’où le carnage du fameux 28 septembre, une transition s’ouvre, l’espoir fleurit, Sékouba Konaté est à la tête de cette transition qui conduira l’opposant historique au pouvoir en 2010.
Mais bien avant son ascension au pouvoir, celui que l’on surnomme alors un peu hâtivement « le Nelson Mandela d’Afrique de l’Ouest » sera condamné à cinq années de prison, puis libéré au bout de vingt mois sous la pression internationale. Il lui faudra attendre la mort de Lansana Conté en décembre 2008 et la déliquescence du régime putschiste de Moussa Dadis Camara pour qu’il accède enfin au pouvoir en 2010 à la faveur d’une élection présidentielle contestée.
Cette accession d’Alpha Condé au pouvoir était perçue comme la renaissance d’une Guinée forte et émergente d’où le fameux : « Guinée is back ». Mais très vite, l’homme étale sa nature, le système guinéen l’adopte, un système qui contient le syndrome de la culture africaine, celui du mandat de trop.
Lui préfère, être sourd, malgré les alertes nationales et internationales, Alpha Condé s’offre un troisième mandat qui finalement le fera sortir de l’histoire humilié et terni, congédié par la vindicte populaire. Face à cette fin si triste, Alpha Condé sera-t-il contraint par les putschistes à un retrait de la vie politique cruel et forcé ? Pourrait-il continuer de jouer un rôle dans la vie politique de la Guinée ? Dans le cas contraire, Alpha Condé sera-t-il relâché ? Sera-t-il autorisé à quitter le pays pour se réfugier à l’étranger, comme bon nombre de chefs d’État renversés ont pu le faire ? Au Mali en exemple, le colonel Assimi Goïta, que certaines sources disent proche du colonel Doumbouya, a réservé un autre sort à Ibrahim Boubacar Keïta.
Si le meneur du coup d’État d’août 2020 a autorisé le président déchu à quitter régulièrement le Mali pour se faire soigner à Abu Dhabi, la règle a été fixée dès le départ : l’ancien président demeure « à la disposition de la justice » de son pays. Sachant déjà que, La CEDEAO, l’Union africaine et les Nations unies, qui ne sont pas du tout écoutés n’inspirant plus aucune confiance auprès des états africains, exigent unanimement le respect de l’intégrité physique d’Alpha Condé ainsi que sa libération immédiate et sans conditions.
Reste à savoir si cela sera fait. Reste à dire, qu’Alpha condé aurait pu éviter cela en partant par la grande porte, ainsi serait inscrit son nom en lettres d’or dans l’histoire pour toujours. Celui qui a été opposant à tous les régimes successifs de Conakry, à la fin de son deuxième quinquennat avait su qu’il n’a pas compris la Guinée, en tout cas pas la vraie Guinée. Celle-là qu’il n’a assez écoutée, celle-là qu’il a peu du tout visité sauf pendant les périodes pré-électorales.
Lorsqu’il était temps d’écouter cette Guinée et savoir garder raison avant qu’il ne devrait être trop tard, il l’a préféré boucher ses oreilles pour ne rien entendre enfin et voilà où cela l’a conduit. Cela peut s’expliquer peut-être par son intelligence politique, car on lui a toujours prêté cela qu’il est un bon politicien et un fin dribbleur, mais malgré cela il n’a pu être un bon dirigeant pour la majorité des guinéens c’est pourquoi cette fois-ci, il n’a pas été le meilleur dribbleur.
Alpha Condé, ancien défenseur de la démocratie, donc « opposant démocrate », savait parfaitement bien qu’en démocratie les règles étaient connues d’avance, normalement c’était la fin en 2020. Il aurait pu se mettre au travail dès le premier jour de son investiture afin d’éviter ce qui lui est arrivé aujourd’hui, tous ses glissements qu’il avait provoqué en raisons de ses innombrables promesses à réaliser. Il pouvait donner le bon exemple en marquant l’histoire de la plus belle des manières en partant au bon moment mais hélas. Nul besoin de rentrer dans le débat des bilans mais il doit comprendre dans son statut de président déchu, qu’il était loin des attentes que les guinéens avaient d’un président civil « démocratiquement » élu.
Simplement l’une des raisons de l’insuffisance de ces résultats est dans le fait qu’il est très longtemps resté, sinon, toujours opposant, et non le président de tous les guinéens et, de ce fait, il a continué le militantisme avec des promesses à n’en point finir. Triste histoire, d’une triste fin, d’opposant à président, de président à misérable, telle la description du tout puissant Alpha Condé. Proche de la vérité et de réalité à travers l’épreuve du moment, Alpha est devenu le plus réduit de notre landerneau politique. Il faudra lire l’épopée du manding pour cerner l’homme. Trahison ou pas ? Légende raconte. Dommage !
Que Dieu bénisse la Guinée ! Aboubakr Guilavogui, panafricain qui milite pour une guinée meilleure.