Le déluge huttérien s’annonçait dans la savane arborée de la Haute Guinée le tout dans le cocon de ses caractéristiques personnelles si je peux citer : « Isorbelinia Doka cacia sieberiana, parkia biglobosa et Daniellia Oliverii », naissait un homme à visions lumineuses, oui un homme qui avait un rendez-vous insoupçonné́ avec l’histoire, oui c’est bien toi Ibrahima Kalil Konaté, loin des imperfections de l’homme, tu t’en est allé́ à jamais et pour toujours, tu as rendu cette indéfectible accointance orpheline par la cruauté du destin et la volonté suprême du maître de l’univers. Dieu soit loué !
En ce moment où tu te tiens de l’autre côté de l’invisibilité, je me surquestionne, face à cette nouvelle cataclysmique qui a toute suite échauffée mon esprit qui résonne comme un son hallucinatoire dans une trompette mélodieuse. Ton destin qui a été dithyrambique est celui-là même qui t’a conduit dans le seul mystère qui restera toujours un mystère pour nous les humains, qu’est la mort volontaire qu’elle est, choisie celui ou celle qu’elle veut au moment pire qu’elle veut aussi, laisse-moi donc la qualifier de cruelle et de rebelle parce-qu’elle s’est envolée avec ta magnanime âme.
Ta conduite et ton exemplarité́ de ton vivant, feront vivre ta mémoire pour toujours parmi nous, tu as marqué l’histoire en t’immortalisant, voilà̀ ce qui fait de toi un homme dans l’histoire pour toujours. Au demeurant, dans ma verve, verbe, caustiques c’est étrange, la vie : briller un peu avant de s’éteindre pour toujours. Et si la mort efface, la vie peut négliger dirais-je.
Ne meurent que les êtres qui n’ont vécu que pour eux-mêmes et n’ont rien accompli de leur vie de beau et de grand, tu n’étais pas de ceux-là dans ton infinie bonté de ton vécu d’utile pour tout le monde et au niveau de tout le monde. Du double de la lettre K de l’alphabet dans son pseudonyme complet qui l’a vu naître, «Kalil Konaté », ce qui a poussé́ chacun à le rebaptiser avec le sobriquet « K2 »; devenu ainsi une appellation commune par tous dans l’habitude et le temps, n’était plus déjà parmi nous dans sa fonction de la LONAGUI lointaine et silencieuse.
L’homme était de nature solitaire, affable, d’une exemplarité sans égale, se montrait quand il le voulait, mais trop souvent, il se coupait du monde et s’éloignait de tous. Très peu de ses amis comme moi avaient de ses nouvelles, de temps en temps, et s’inquiétaient de son absence prolongée. Il était fragile comme tous les êtres sensibles, et différent comme tous les hommes d’exception. On était sa famille, comme, lui, fut notre compagnon et ami des années difficiles d’apprentissage et d’euphorie pendant lesquelles on rêve d’un grand destin, à défaut de réussite dans la voie qu’on a choisie.
À brûle pourpoint, cette mort s’annonce comme un coup de tonnerre pour la Guinée et pour sa haute Guinée à lui, comme disons nous souvent que la mort pour nous consoler de sa cruauté fait partie de la vie et demeure le rendez-vous avec tous, c’est pourquoi elle n’est et ne sera jamais la bienvenue aussi parmi nous elle est un mystère, du moins une question perfide, sombre, sournoise, mesquine et embarrassante qui traverse les lignes d’un ciel sombre restant sans réponse !
C’est une loi de la nature qui gouverne les hommes. « L’homme n’a point de port, le temps n’a point de rive, il coule et nous passons. » Alphonse de Lamartine ! Il a rendu l’âme dans la pudeur des talents anonymes et la dignité́ des héros ayants accomplis leur mission. Sans doute, a-t-il vu défiler devant lui, pour la dernière fois, toutes les péripéties mouvementées et monocolores d’une vie qui a commencé́ dans la gloire de l’informatique, avant de finir sur les sentiers de l’art de réussir en politique et de la nostalgie des moments difficiles de cet instant lui ayant malheureusement conduit à une vie à trépas.
En cet instant pénible d’impuissance face à un sort acharné, il a dû réaliser toute la misère du monde et le drame de la condition humaine. Il a dû sourire, malicieusement, comme il savait le faire dans ses accents ironiques et son humour caustique, pour refermer la parenthèse d’une vie contrastée qu’il a passée le temps à caricaturer et consommer librement. La mort n’était pas loin de lui quand il a attrapé cette maladie de Covid-19, mais il a vécu avec un sentiment d’éternité. Ce fut à la fois sa force et sa faiblesse.
Adieu, l’ami que je ne pourrai jamais oublier dans mes souvenirs, dont je me rappelerai toujours en repensant à son affabilité́ et son altruisme légendaire, que je garde dans mes prières et mes pensées intimes. Dors éternellement en paix l’ami. Puisse Dieu t’accueillir dans son pays de cocagne ! Amine……
Aboubakr Guilavogui