Les partisans de Alpha Condé et certaines personnes dites “neutres” tiennent absolument à ce que les détenus politiques demandent pardon au dictateur afin qu’ils obtiennent leur liberté. Il existe actuellement deux catégories de détenus politiques à la maison centrale de Conakry : ceux qui ont fait l’objet d’une condamnation et ceux qui sont en attente de leur jugement. Dans un pays “normal”, les détenus définitivement condamnés peuvent bénéficier d’une grâce ou d’un régime souple d’exécution de leurs peines à travers la semi-liberté ou la liberté conditionnelle, les deux régimes n’étant pas à confondre. Quant aux détenus en détention provisoire en attente de leur jugement, ils auraient pu être mis soit en liberté pure et simple soit en liberté sous contrôle judiciaire jusqu’à la date de leur procès. Malheureusement, notre justice a fini de démontrer son incapacité à être une véritable justice.
La grâce présidentielle n’est pas subordonnée à une demande de la personne condamnée. C’est à dire que si le dictateur Alpha Condé était cette personne magnanime que l’on veut présenter, il n’avait pas besoin d’une demande émanant d’une personne condamnée pour lui accorder la grâce. En exigeant une demande préalable de pardon, le dictateur veut faire d’une pierre plusieurs coups : humilier les détenus, décourager les autres opposants à son régime et tirer un profit politique de la situation en se présentant comme un homme magnanime. C’est pourquoi, des détenus comme Oumar Sylla dit Foniké et Étienne Soropogui ne veulent pas se soumettre à ce jeu.
Ceux qui pensent que l’épouse de Oumar Sylla dit Foniké Menguè enfonce celui-ci manquent cruellement d’honnêteté. Un détenu qui ne se reproche rien n’a aucune raison de demander pardon en s’humiliant. Etienne Soropogui est également dans cette logique. Il a clairement dit qu’il ne va pas quémander sa liberté. Et c’est tout à fait à son honneur. C’est un homme politique, il a besoin d’être crédible aux yeux de ses militants. Alpha Condé avait-il demandé pardon au Général Lansana Conté pour avoir sa liberté ? Personne ne s’en souvient.
Les guinéens qui veulent soutenir les détenus politiques doivent plutôt exiger la vérité au lieu de leur demander de se soumettre aux caprices d’un monarque et despote.
SEKOU KOUNDOUNO RESPONSABLE DES STRATÉGIES ET PLANIFICATION DU FNDC