Respecter les Guinéens, en leur disant la vérité en toutes circonstances, ou continuer à les bercer d’illusions et les tromper par des discours démagogiques ? Le Gouvernement a fait le choix de la responsabilité et du scrupule patriotique, tandis que d’autres se sont engagés dans une adversité sourde et aveugle contre lui, avec de surcroît une mauvaise foi sans limites. Au peuple d’en juger.
En attendant, il est toujours bon de rétablir la vérité pour défendre l’éthique publique et protéger une opinion nationale que certains cherchent à abuser, à travers des contrevérités, des fausses rumeurs dont ils sont passés maîtres dans la propagation. Cette opinion nationale est aussi à protéger des sautes d’humeurs de ces champions de la calomnie qui veulent faire du pays le royaume de toutes les absurdités.
Beaucoup de politiques n’ont pas été encore aux affaires ou n’y sont plus, pour certains depuis trop longtemps, pour apprécier et juger avec pertinence la gouvernance politique, économique et financière du pays, ou simplement garder la lucidité politique et le discernement intellectuel et moral. Ils n’ont pas accès aux données vérifiées et véritables, actuelles et avérées de notre économie, ne connaissent pas les comptes publics dans le moindre détail.
La plupart de ces politiques sont des opposants irréductibles et passionnés contre le régime qu’ils se plaisent à brocarder à toutes les occasions, avec à la clé un procès en sorcellerie permanent contre ses institutions, ses symboles et ses élites. L’opposition, en Guinée comme un peu partout sous les tropiques, consiste en général à pourfendre systématiquement les pouvoirs en place et jeter l’opprobre sur les dirigeants.
C’est aussi de démentir le Gouvernement, même lorsqu’il dit vrai et de s’opposer à lui, même s’il agit dans l’intérêt national. Sa démarche reste foncièrement manichéenne : tout ce qui est bien de son côté, tout ce qui est mal de l’autre. On a clairement l’impression que la bonne foi et le discernement d’une opposition politique civilisée et démocratique ont cédé la place à l’animosité de querelles politiques interminables.
Il suffit pourtant d’un peu d’honnêteté et de responsabilité pour admettre que l’augmentation envisagée du prix à la pompe des produits pétroliers ne dépend pas du bon vouloir du Gouvernement, mais se justifie par des contraintes et des aléas liés au cours du baril de pétrole sur le marché international. Il y a une baisse ou une augmentation des prix à la pompe en fonction des fluctuations sur le marché international, comme cela se passe dans tous les États, y compris chez les producteurs d’or noir.
Le prix du baril du pétrole est passé de 25% en début d’année à 68% aujourd’hui. Alors que partout il y a eu une répercussion quasi automatique, la Guinée a dû reporter à plusieurs reprises une telle décision, en maintenant les prix à leur niveau actuel. Qui supporte la différence, le produit étant par ailleurs importé ? A qui cela profite le plus ? Sans doute aux grands entrepreneurs, notamment dans le secteur industriel, où l’on retrouve les plus gros consommateurs.
Pourquoi, au cours de leur revue, les partenaires qui sont sensibles à la détérioration des finances publiques, à cause de certaines politiques comme le soutien aux prix sur le marché par des subventions de l’État afin de soulager les populations, ont-ils recommandé la vérité des prix, en particulier pour les produits pétroliers? N’ont-ils pas parlé alors de prix subventionnés ?
En renouvelant son stock, le Gouvernement ne mettra-t-il pas la main à la poche pour combler le manque à gagner de la sous-tarification ? Payer à la place de l’autre, supporter le coût qu’il devrait supporter, quelle que soit la forme, n’est-ce pas cela une subvention ? Les institutions qui veillent sur l’équilibre des finances publiques, et par ricochet sur le pouvoir d’achat des citoyens, ont évoqué la question en avançant le vocable de subvention, non ?
Leurs conseils et avis ne sont-ils pas pertinents et utiles ? Si l’on peut les convaincre qu’il n’y a pas de subvention des prix, on en convaincra d’autre aussi, s’il y en a bien ? Ceux qui voudraient tromper et abuser l’opinion doivent savoir que la loi de finances, dans son volet recettes, a prévu la taxe sur les produits pétroliers, en y renonçant comme c’est le cas aujourd’hui encore. N’est-ce pas une subvention, ou comment peut-t-on l’appeler ?
Intelligent comme personne ou être seul à croire à ce que l’on dit et défend, serait-ce le sort de beaucoup de nos opposants et adversaires nihilistes du pouvoir ? La caricature peut tourner au ridicule. Mais, pour qui ? L’Etat qui fait tout pour protéger le pouvoir d’achat des Guinéens, surtout les plus vulnérables comme l’exige le Chef de l’État, le professeur Alpha Condé (de grande sensibilité sociale, malgré les nombreux manques à gagner pour le trésor public.
S’il avait vraiment le choix, peut-il prendre une mesure comme le réajustement à la hausse, même peu significatif, des prix à la pompe des produits pétroliers ? Telles sont les vraies questions que chacun devrait se poser, au-delà de la propagande politique et des discours démagogiques destinés à manipuler l’opinion, ou prétendument compliquer la tâche aux dirigeants.
Le Gouvernement assumera et conciliera, sans désemparer, la responsabilité ingrate de prendre les bonnes décisions, même difficiles pour le pays, et sa préoccupation de toujours protéger les Guinéens des contraintes économiques et de la précarité, dans une humanité engagée dans la lutte pour la survie au moment où la crise sanitaire mondiale de la Covid-19 déroule ses tentacules aux quatre coins de la planète.
Tibou Kamara, Ministre d’État, Conseiller Personnel du chef de l’État/Ministre de l’Industrie des PME et Porte-parole du Gouvernement.