L’homme d’affaires était jugé par le tribunal correctionnel de Genève pour corruption d’agents publics étrangers en Guinée. Il aurait versé près de 8 millions de dollars à la quatrième épouse du dictateur Lansana Conté en échange de droits miniers sur un gisement de fer. Beny Steinmetz indique faire appel.
Procès historique, sentence historique. Le magnat des mines Beny Steinmetz a été condamné à 5 ans de prison ferme pour corruption d’agents publics en Guinée par le tribunal de Genève. « Il ressort de ce qui a été exposé… que les concessions ont été obtenues par la corruption et que Steinmetz a collaboré avec d’autres personnes » en vue de les obtenir, a jugé Alexandra Banna, président du tribunal correctionnel de Genève. La magistrate a souligné les « mobiles éminemment égoïstes » de l’homme d’affaires.
En condamnant le milliardaire à 5 ans de prison, le tribunal a suivi le parquet qui avait requis cette peine. Beny Steinmetz doit également verser au canton de Genève une créance compensatrice de 50 millions de francs suisses, soit 46 millions d’euros. Beny Steinmetz estime que ce jugement est « une grande injustice ». Son avocat a d’ailleurs indiqué qu’il allait faire appel.
Une opération lucrative
Le franco-israélien, qui a fait fortune dans les diamants et dans l’immobilier, était soupçonné de corruption pour obtenir des droits miniers sur la montagne Simandou , l’un des plus importants gisements de fer au monde encore non exploité. Peu avant la mort du dictateur Lansana Conté, il aurait versé, via un montage complexe de société, environ 8 millions de dollars à la quatrième épouse du dirigeant Mamadie Touré.
En 2008, il reçoit le droit d’exploiter les blocs 1 et 2 de Simandou, droit qui ont été retirés à Rio Tinto. Il y a investi 170 millions de dollars avant de revendre 51 % de ses parts au groupe brésilien Vale pour… 2,5 milliards de dollars.
Pour la présidente du tribunal, « l’argent versé à Mamadie Touré provient bien de BSGR », la société de Beny Steinmetz, et « le président Conté n’avait aucun intérêt à retirer les droits à Rio Tinto… si ce n’est pour en retirer un intérêt personnel ou favoriser un tiers, en l’occurrence sa quatrième épouse ».
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